Dans son communiqué de presse datant numéro 001/AR/DEC/2023 la mission d'observation électorale Africa Reconciled basée à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, a dressé son rapport sur les faits constatés dans différents centres de vote dans les deux provinces du Kivu. Cette organisation de la société civile a exprimé son inquiétude par rapport au lendemain au regard de la manière dont les élections se sont déroulées. Elle a ainsi formulé certaines recommandations à la centrale électorale et au gouvernement de la République démocratique du Congo pour non seulement essayer de sauver les meubles, mais également améliorer lors du prochain cycle électoral.
Le communiqué :
Africa Reconciled, une organisation congolaise indépendante et non partisane basée à Goma ayant dans ses attributions la promotion de la démocratie et le renforcement de la participation citoyenne observe avec beaucoup d'intérêt le processus électoral en République Démocratique du Congo, processus dont le Cycle en cours vient d'être sanctionné par la tenue, le 20 au 21 Décembre 2023, des scrutins présidentiel, législatif national, Législatif provincial et Municipal L'organisation a observé scrupuleusement l'ouverture et le déroulement de ces scrutins et la situation des droits de l'homme dans les provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu, avec son équipe composée de 200 observateurs répartis dans 160 centres de vote composée de 2562 bureaux de vote sur les 3697 bureaux de vote se trouvant à Goma, à Nyiragongo et à Béni, en province du Nord-Kivu et à Bukavu, à Uvira, à Kabare Centre, à Katana et à Kalehe, en province du Sud- Kivu. Sur base des informations récoltées sur terrain pendant l'aménagement, l'ouverture et le déroulement du scrutin, Africa Reconciled a fait sa première analyse des opérations électorales en
RDC.
Les résultats de cette analyse renseignent les observations ci-après: Il y a eu un engouement des électeurs dans les centres et bureaux de vote. La population a manifesté un grand intérêt pour le vote et voulait participer massivement à ce vote. Cela n'a pas été possible à cause de la mauvaise organisation de la CENI;
Le vote a commencé avec un retard d'environ 3h en moyenne. Cela serait dû au retard de la CENI dans l'aménagement des bureaux de vote et le manque de certains matériels électoraux dans beaucoup de bureaux de vote. Ce qui a conduit au prolongement du scrutin allant de 1 à 2 jours;
Beaucoup d'électeurs ne savaient pas utiliser la machine à voter (DEV) et n'ont pas assez de connaissances sur les procédures de vote. Ce qui laisse à croire que la CENI n'a pas suffisamment sensibilisé les électeurs sur les procédures de vote et l'utilisation du DEV;
✔ Certains électeurs ont été omis sur la liste électorale et n'ont pas eu d'autres choix que de rentrer chez eux sans avoir voté;
Certains candidats ont exigé de leurs électeurs de prendre les photos de leur vote pendant qu'ils sont dans l'isoloir comme preuve qu'ils respectent leur engagement. Ce qui explique que le non-respect du secret de vote;
Les témoins des partis politiques ont été exagérément nombreux dans les centres de vote au point qu'il était difficile pour les présidents des bureaux de vote de les accepter tous comme ils l'attendaient;
Les agents électoraux y compris la police ont été généralement non violents vis-à vis des électeurs;
Plusieurs machines à voter (DEV) ont connu de pannes soit avant ou pendant les opérations de vote (bourrage des papiers, batteries déchargées, etc.);
Le dysfonctionnement des bureaux de vote et des DEV a créé des violences dans certaines zones à l'instar de Lubero, village de VWEERA où les jeunes ont brûlé 10 DEV qui étaient prévus pour ce centre. En effet, les jeunes se sont soulevés à cause du retard enregistré par la CENI dans le l'ouverture des opérations de vote;
✔Dans certains centres de vote, les observateurs de AR ont noté la présence des partisans des candidats des partis politiques qui sensibilisaient en secret les électeurs en leur distribuant des petits jetons contenant leurs numéros.
A titre d'exemple, on peut citer le Centre CS Ndeke et EP BUTSIRI tous situés dans la commune Mulekera à Beni, le Centre EPA BWINDI à BAGIRA et le Centre EP MONT CARMEL à Goma;
✔Dans toutes les zones où AR a déployé des observateurs, il n'ya pas eu d'incidents sécuritaires graves à signaler. Les opérations électorales se sont passées dans un climat relativement calme;
✔Certains cas de fraudes ont été reportés par les observateurs, notamment au Centre de Tshoffi dans le territoire de Kalehe où un électeur a été attrapé par les agents électoraux entrain de voter pour la 2ème fois et au Centre École des filles, en territoire de Lubero οù une sœur catholique a été attrapée par les jeunes, entrain de voter dans son bureau avec 3 machines à voter (DEV). Ces 3 DEV ont été saisis par les agents de la police affectés dans ce centre.
Au regard de ce qui précède, Africa Reconciled est inquiète quant à la finalité de ce processus électoral. Elle craint que les irrégularités présentées ci-haut puissent:
✔Affecter sensiblement la crédibilité des élections;
✔ Entraîner des contestations accompagnées des violences;
✔Perturber la paix et créer un chaos dans le pays.
Ainsi, elle demande à toutes les parties prenantes de privilégier la paix et la non-violence Active dans ce processus afin de sauver notre jeune démocratie. En outre, Africa Reconciled recommande ce qui suit:
A la CENI
✓De faciliter les observateurs, les témoins et journalistes à accomplir leur mission;
✔ De sanctionner tous les agents de la CENI qui sont responsables des antivaleurs qui sont signalées pendant les opérations de vote;
✓De rassurer la population congolaise par rapport à la bonne continuité du processus en respectant les délais; en disposant les ressources nécessaires pour les opérations électorales, etc.
Au Gouvernement congolais
De renforcer la sécurité de la population et ses biens pendant et après les opérations électorales;
De mettre à la disposition de la CENI tous les moyens nécessaires permettant d'assurer le bon déroulement des scrutins à tous les niveaux.
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