Dans son communiqué du 24 décembre se rapportant au déroulement des opérations électorales en République démocratique du Congo, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) décrit des "graves irrégularités" qui ont entaché le processus et formulé un certain nombre des recommandations. Notamment, l'appel à la démission du président de la centrale électorale Denis Kadima et sa mise en accusation, l'audit des comptes de la commission électorale nationale indépendante CENI pour savoir à quoi ont servi les fonds décaissés par le Trésor public pour organiser les scrutins. Aussi, a-t-elle appelé les parties prenantes à ces scrutins qui se sentiront lésés à revendiquer leur droit dans la non violence.
Le Tremplin vous propose de lire intégralement ci-dessous ledit communiqué dénommé : RDC: Les irrégularités électorales du 20 décembre 2023 ne doivent pas rester sans conséquences.
Le 20 décembre 2023, les Congolaises et Congolais se sont mobilisés à travers le pays, motivés et déterminés pour se choisir librement leurs représentants à tous les niveaux lors des élections présidentielles, législatives nationales et provinciales ainsi que municipales partielles. Ce profond engagement s'est manifesté notamment à travers la patience dont les citoyennes et citoyens ont fait montre en se présentant devant les différents centres de vote bien avant 6h00, heure prévue pour le début des opérations de vote, et en y demeurant pendant des longues heures en attente de l'ouverture des bureaux de vote. A ce titre, la LUCHA salue le courage du peuple Congolais et sa détermination à participer activement à l'exercice du pouvoir à travers le choix de ses dirigeants pour consolider notre jeune démocratie.
Malgré cette mobilisation citoyenne inédite, les électeurs Congolais ont été confrontés à un désordre indescriptible et planifié de la part de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). En plus du fait que les activités de vote ont commencé avec un énorme retard partout au pays, plusieurs zones du pays n'ont tout simplement pas reçu les kits électoraux à temps, obligeant les électeurs à rentrer chez eux sans voter. Dans certaines entités reculées, les élections n'auront tout simplement pas lieu en raison du non déploiement de kits électoraux alors que dans d'autres, comme le secteur de Bapere en territoire de Lubero au Nord Kivu, les élections prévues 20 décembre 2023 de 6h00 à 17h00 (heure locale), auront finalement lieu ce dimanche 24 décembre 2023. En plus de faciliter la fraude électorale, le vote au-delà du délai est contraire aux lois électorales de notre pays.
Au-delà du déploiement tardif ou jamais intervenu des kits électoraux qui a empêché à certains Congolais de pouvoir voter, les élections du 20 décembre 2023 ont été le théâtre de plusieurs irrégularités et d'actes de fraude électorale imputables à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Sans être exhaustif, la LUCHA déplore notamment la présence des machines à voter et bulletins de vote vierges aux domiciles des particuliers, le non affichage de tous les électeurs sur les listes électorales affichées avec retard, le fonctionnement des bureaux de vote à domicile et dans les milieux prohibés comme de camps militaires, l'exclusion des témoins et observateurs dans certains bureaux de vote, l'atteinte au secret du vote, le vandalisme et saccage des matériels électoraux, le vote multiple, les actes de violence contre certains Congolais en fonction de leur préférence politique, etc. Pris dans l'ensemble, sous réserve des constats des missions d'observation électorales crédibles et ayant un déploiement important sur le territoire national, les graves irrégularités relevées lors du scrutin du 20 décembre 2023 sont de nature à porter atteinte à l'intégrité des élections.
Ces désordres, irrégularités et fraudes étaient prévisibles. Depuis le début du
processus électoral, nous n'avons cessé de dénoncer la forte dépendance des
animateurs des institutions électorales au pouvoir en place, le manque des reformes
électorales sérieuses, l'absence d'un audit crédible du fichier électoral, les restrictions
croissantes de l'espace civique à l'approche des élections, l'amateurisme et
l'incompétence des animateurs de la commission électorale nationale indépendante, perceptible à travers la mauvaise qualité de la carte d'électeur et l'incapacité à pouvoir la changer en octroyant des duplicatas, etc. Les irrégularités constatées lors des élections de ce 20 décembre sont la conséquence directe de ce processus électoral délibérément mal engagé.
Pour le bien de notre jeune démocratie à consolider, le chaos électoral du 20 décembre 2023 ne doit rester sans conséquences. A cet effet, la LUCHA:
Appelle à la démission immédiate ainsi que des poursuites judiciaires du président de la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI) Dénis Kadima pour amateurisme, incompétence et entrave au processus électoral. Un audit sérieux des comptes de la CENI doit être fait pour déterminer l'utilisation du financement des élections;
Recommande à la cour constitutionnelle d'annuler les élections du 20 décembre 2023 s'il est établi que les irrégularités, fraudes et désordres enregistrés lors du scrutin ont porté atteinte à l'intégrité des élections dans la circonscription électorale concernée;
Exhorte les acteurs politiques aussi bien du pouvoir que de l'opposition politique à exprimer leurs revendications électorales dans la non-violence, le respect des lois, des droits et libertés reconnus à chaque citoyen par la constitution; Demande à la population Congolaise de rester vigilante et mobilisée aussi bien pour la transparence des élections que pour la gouvernance générale du pays.
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