Machines défectueuses, insuffisance des kits, vol des matériels électoraux, omission des électeurs sur les listes, accès refusé à certains témoins et observateurs, début tardif des opérations, quelques cas de violence signalés, suspicion de la tricherie, tel est le tableau qui peint le déroulement des élections (présidentielles, législatives nationales, provinciales et municipales) en République démocratique du Congo ce mercredi 20 décembre 2023.
De Baraka à Kisangani en passant par Kalemie, Bandundu, Kinshasa, Kananga etc, les électeurs se plaignent de la manière dont ces scrutins se déroulent. Commencées en grand retard (13h pour plusieurs centres à Kinshasa tel qu'au Lycée Bolingani, à Kintambo, à l'école Frère Alingwa, au quartier Jamaïque etc) les opérations électorales risquent de connaître un taux très faible de votants. Les électeurs arrivés tôt le matin aux centres de vote afin de s'acquitter de leur devoir civique, sont obligés de faire la ronde des écoles respectives où ils se sont envolés pour retrouver leurs noms sur les listes (pour ceux qui en ont la chance). Plusieurs d'entre eux rentrent déçus pour n'avoir pas vu leurs noms affichés ou tout simplement à cause de la fatigue dûe aux nombreuses manœuvres et à la longue attente.
En dépit des badges qui leur ont été remis, certains observateurs et témoins des candidats sont obligés de se plier aux caprices des préposés de la commission électorale nationale indépendante (CENI). Dans certains centres, les électeurs dénoncent les tentatives de tricherie que l'on attribue soit à l'opposition ou au pouvoir, selon le cas. Le cas de Kisenso, à Kinshasa, où un agent de la centrale électorale a été pris à partie par la population alors qu'il effectuait des navettes avec une machine à voter, ou celui de Lubumbashi où un sympathisant du président sortant accuse les préposés de la CENI d'influencer les choix des électeurs en faveur du candidat président Moïse Katumbi, sont illustratifs à propos.
S'agissant des matériels électoraux, les batteries à autonomie réduite ont déjà cédé dans plusieurs bureaux de vote. Une des contraintes qui risquent d'empêcher certains Congolais d'exercer leur droit civique dans l'accès à l'électricité ou l'énergie renouvelable est difficile. Celui d'élire leurs représentants, se lamentent quelques-uns qui sont encore patients.
Pour permettre aux électeurs de remplir leur droit, Denis Kadima, président de la CENI, a rassuré que le temps perdu dans le déroulement du vote sera récupéré même si cela va demander de poursuivre les opérations jusqu'au lendemain (21 décembre). Une assurance qui n'a pas empêché à la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et l'Eglise du Christ au Congo (ECC) d'interroger le patron de la Centrale électorale sur ce qu'il entend faire des dispositions pertinentes de la Constitution et de la loi électorale qui lui obligent d'organiser en une seule journée.
De leur côté, les deux principaux opposants en course pour la présidentielle ont tour à tour déclaré ce matin qu'ils n'accepteront les résultats si les élections ne se déroulent pas convenablement.
"Les seuls résultats que nous allons accepter, ce sont les résultats qu'on doit afficher sur chaque bureau de vote. On ne craint rien et nous allons gagner les élections", a déclaré Moïse Katumbi après le vote. Et Martin Fayulu de prévenir : "Si tous les électeurs ne votent pas, nous n'accepterons pas ces résultats".
Il convient de relever que le discours évoquant une tentative de piratage du serveur de la CENI tenu par le camp du pouvoir et celui de l'opposition qui soupçonne le candidat du pouvoir d'avoir tout fait pour tricher et se maintenir au pouvoir ont participé à empirer la situation.
Musa Amuri
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